Retour vers le passé.

Nostalgie, nostalgie… Ah, que ça fait du bien, de temps en temps, de tomber sur de vieux ouvrages qui traînent dans des rayons de bouquinistes ou de brocanteurs　!

Certes, «　il y a de tout à la Samaritaine　», et certains documents ufologiques n’ont même plus la valeur du papier jauni… Mais vous aurez parfois la chance d’y dénicher des livres épuisés depuis fort longtemps, qui n’ont plus aucune valeur pour certains mais qui, au contraire, donneront à d’autres la joie d’y avoir trouvé des perles rares, qui plus est, à des prix défiant toute concurrence… Pour cinquante centimes d’euro, un euro, deux euros, même sans conviction, pourquoi s’en priver　! Il est bien fini, le temps où l’on se ruinait pour commander chez son libraire la dernière enquête «　pour cent trente francs plus les frais de port　»　!

Au rayon «　ésotérique　», évidemment (mais ceci n’a jamais évolué depuis, même si nous n’aurons jamais le toupet de demander à ce que nos libraires nous classent dans la catégorie «　Sciences　», faut pas exagérer　! «　Sciences humaines　», pourquoi pas, ou tout simplement «　Documents　»　?), vous trouverez à boire et à manger　: les dernières prédictions de Paco Rabanne, les séries de Jean-Claude Bourret, les sectes, la franc-maçonnerie, les Jimmy Guieu, les énigmes de la grande pyramide et comment maigrir sans bouger de sa chaise.

Cette fois, c’est «　Mystérieuses soucoupes volantes　», un livre publié en 1974 aux éditions Albatros, qui a retenu mon attention. Et, finalement, je ne regrette pas mon investissement. Il y a eu les actions en bourse, la pierre… place aux vieux bouquins　!

Les auteurs　? Fernand Lagarde et le «　groupement Lumières dans La Nuit　». Donc des informateurs et enquêteurs, aux idées bien arrêtées quand même, qui baignaient, surtout dans ces années 60 et 70, dans l’HET au premier degré, pas toujours très objectifs　! («　L’intérêt d’en savoir plus constitue le côté passionnant de notre recherche, quel que soit le résultat auquel on doit aboutir　» est-il mentionné à la page 108　; ça, c’est le côté «　faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais　» de L.D.L.N.　?).

Pourtant, dans ce livre, l’ensemble est correct, et même plus que correct. On y retrouve, dans sa première partie, quelques enquêtes intéressantes, des cas classiques　» (dont certains ont été «　déclassiqués　» depuis)　; à la lecture de MSV, on se replonge dans l’ambiance de l’époque, et ce petit retour en arrière fait parfois du bien.

On pourra reprocher à ces enquêteurs de LDLN leurs a priori sur la question, mais on ne pourra que se réjouir de leur souci de la précision, du détail (qui, aujourd’hui, prend la peine de noter le numéro du pli de carte Michelin de l’endroit de l’observation　? Aujourd’hui, il y a le GPS, me direz-vous　: alors, on attend les coordonnées dans les préambules de vos rapports　!).

Ce livre nous remémore de vieux cas, dont certains n’ont toujours pas trouvé de réponse. Et a le mérite de nous rappeler ce qu’était une enquête ufologique il y a quarante ans, sans les moyens dont nous disposons actuellement. Gros boulot de tous ces passionnés sans qui, selon Aimé Michel, ce «　festival d’absurdités　» serait certainement passé aux oubliettes.

Et puisqu’on parle d’Aimé Michel, on le retrouve aussi, dans la deuxième partie de l’ouvrage, précédant Fernand Lagarde et René Ollier, «　mais pas que　»　: Michel Monnerie, Jean-Claude Vauzelle, etc. Le gratin de l’ufologie des années 1970, en somme. Où l’on se plait à retrouver les réseaux de surveillance du ciel, le fonctionnement des détecteurs magnétiques, sans oublier les relations faites entre les observations d’OVNI et la présence de failles géologiques chères, à l’époque, au regretté Fernand Lagarde qui avait tenté cette voie de recherche.

Vaine voie de recherche… tout comme les possibles corrélations entre les lieux d’apparitions de «　soucoupes　» et la présence de sources minérales　! Ah, comment Lagarde a du être déçu, après tant d’efforts… Et comment Michel ne l’eût-il pas été, lui aussi, après l’orthoténie (car depuis, les OVNI ont franchi la ligne BAVIC, et bien au-delà…). Mais, au fond, il est un constat certain　: ces gens-là cherchaient. Ils ne savaient pas quoi, mais ils cherchaient　! (Aujourd’hui, que faites-vous devant vos PC　? Vous gobez, là est toute la différence…)

Bref, comparé aux insipides documents qui ont pu fleurir çà et là depuis plus de quarante ans, Mystérieuses soucoupes volantes me forcera-t-il à réviser ma position concernant le phénomène («　une pure perte de temps　», disais-je récemment…)　? Ce serait un miracle… mon miracle de Pâques. A un euro.

Bruno Bousquet, avril 2013